La Loi Avenir professionnel prévoyait d’étendre le bénéfice de l’assurance chômage aux travailleurs indépendants (sous réserve qu’ils remplissent un certain nombre de conditions). Ce dispositif vient d’être précisé, ainsi que sa date d’application…


Bénéfice de l’assurance chômage sous conditions

Le bénéfice de l’assurance chômage sera bientôt étendu aux travailleurs indépendants, dès lors qu’ils rempliront les conditions suivantes :

  • avoir effectivement travaillé en tant qu’indépendants au titre de leur dernière année d’activité ;
  • remplir des conditions de ressources, de durée antérieure d’activité et de revenus antérieurs d’activité ;
  • avoir été à la tête d’une entreprise à l’encontre de laquelle a été prononcé un jugement d’ouverture de liquidation judiciaire ou une procédure de redressement judiciaire dont le plan de redressement a été subordonné, par le tribunal, au remplacement du dirigeant.

Plus précisément, pour prétendre à l’allocation des travailleurs indépendants (ATI), vous devez :

  • justifier d’une activité indépendante pendant une période minimale ininterrompue de 2 ans au titre d’une seule et même entreprise (pour les artistes-auteurs, cette condition est réputée remplie s’ils justifient d’une affiliation au régime général de sécurité sociale pendant une période minimale de 2 ans) ;
  • être effectivement à la recherche d’un emploi (c’est-à-dire être inscrit comme demandeur d’emploi et accomplir des actes positifs et répétés en vue de retrouver un emploi, de créer, reprendre ou développer une entreprise) ;
  • avoir perçu, au titre de l’activité non salariée, des revenus antérieurs d’activité au moins égaux à 10 000 €/an d’après les 2 dernières déclarations fiscales correspondant chacune à une année complète d’activité ;
  • avoir perçu d’autres ressources (qui ne soient pas liées à l’activité non salariée, ni issues d’une allocation d’assurance chômage ou de l’allocation spécifique de solidarité) inférieures au montant forfaitaire mensuel du RSA, applicable à un foyer composé d’une personne seule (soit 559,74 €, depuis le 1er avril 2019), étant entendu que le montant pris en compte correspond au douzième du total des ressources perçues pendant les 12 mois précédant celui au cours duquel la demande d’allocation a été présentée.

Notez que la condition de revenus antérieurs d’activité s’apprécie sur la base des revenus que vous avez déclarés à l’administration fiscale au titre de l’impôt sur le revenu et correspondant à l’activité non salariée.

Néanmoins :

  • pour ce qui concerne les travailleurs indépendants relevant des régimes micro (micro-BIC ou micro-BNC), sont pris en compte les chiffres d’affaires ou les recettes déclaré(e)s diminué(e)s de l’abattement applicable (71 % pour les activités de vente de marchandises et de fourniture de logement, 50 % pour les prestataires de services, ou 34 % pour les activités libérales) ;
  • pour ce qui concerne les exploitants agricoles relevant du régime micro-BA, sont prises en compte les recettes de l’année d’imposition diminuées de l’abattement applicable (égal à 87 %) ;
  • pour ce qui concerne les artistes-auteurs soumis au régime de la déclaration contrôlée, c’est la moyenne des recettes de l’année d’imposition et des 2 années précédentes diminuée de la moyenne des dépenses de ces mêmes années qui est prise en compte, s’ils ont exercé l’option correspondante ;
  • pour les autres artistes-auteurs, sont pris en compte leurs bénéfices, diminués de l’abattement de 50 % applicable sur le montant de leur bénéfice imposable au titre de la 1ère année d’activité ainsi que des 4 années suivantes.

Les droits à l’ATI seront ouverts à compter de la fin d’activité non salariée (qui devra se situer dans un délai de 12 mois précédant la veille de l’inscription comme demandeur d’emploi ou, le cas échéant, le 1er jour du mois au cours duquel la demande d’allocation aura été déposée).

Ces nouvelles dispositions pourront bénéficier aux travailleurs indépendants dont l’entreprise aura fait l’objet d’un jugement d’ouverture de liquidation judiciaire prononcé (ou d’une procédure de redressement judiciaire engagée) à partir du 1er novembre 2019.

Lors d’une conférence de presse, le Gouvernement a annoncé que l’indemnisation du travailleur indépendant serait fixée à 800 € par mois pendant 6 mois (montant restant à confirmer par voie réglementaire).

Enfin, lorsque le travailleur indépendant déposera une demande d’allocation auprès de Pôle emploi, celui-ci procédera, en principe, à un examen des conditions d’ouverture ou de reprise d’un droit à l’allocation de retour à l’emploi (allocation destinée au salarié privé d’emploi).

Ainsi, s’il remplit les conditions d’ouverture ou de reprise de droits à l’allocation de retour à l’emploi (ARE) ou s’il est en cours d’indemnisation à ce titre, il est procédé à une comparaison du montant journalier et de la durée de versement des allocations.

Dans l’hypothèse où le montant journalier et la durée du droit à l’ARE seraient tous 2 supérieurs au montant journalier et à la durée du droit à l’ATI, il sera procédé, selon le cas, soit à l’ouverture, soit à la reprise, soit à la poursuite du droit à l’ARE, entraînant le rejet de la demande d’ATI.

Dans les autres hypothèses, l’intéressé disposera d’un droit d’option (irrévocable) entre l’une ou l’autre de ces allocations, à exercer, par écrit, dans un délai de 30 jours suivant la notification de son droit d’option. A défaut de réponse dans ce délai, il sera réputé avoir opté pour l’ARE.

Sources :

  • Dossier de presse Transformer l’assurance chômage, du 18 juin 2019
  • Décret n° 2019-796 du 26 juillet 2019 relatif aux nouveaux droits à indemnisation, à diverses mesures relatives aux travailleurs privés d’emploi et à l’expérimentation d’un journal de la recherche d’emploi
  • Décret n° 2019-797 du 26 juillet 2019 relatif au régime d’assurance chômage

Chômage du travailleur indépendant : bientôt indemnisé ? © Copyright WebLex – 2019